"Cette édition nous permet de remonter": après des mois de travail en coulisse, le festival de Néoules a tenu toutes ses promesses

Les traits sont tirés, les corps fatigués mais les mines réjouies. Dimanche, si le calme est revenu sur le site de la bastide de Châteauloin à Néoules, les bénévoles au tee-shirt vert s’activent déjà dans la chaleur matinale sur un rythme cependant plus lent. Après trois soirées intenses, l’heure n’est pas encore au repos, plutôt au rangement, au nettoyage. Toute présence humaine doit disparaître avant jeudi. "On s’y met dès le matin pour profiter d’un maximum de bénévoles encore présents. Ce sera plus facile pour ceux qui restent jusqu’à jeudi." Valérie Poirrier fait partie des fidèles petites mains qui toute l’année tissent le décor du festival de Néoules. Cette 34e édition a été "belle" et c’est une bonne nouvelle.
L’édition quitte ou doubleUn lendemain de fête, c’est toujours un peu compliqué, alors quand on cumule trois soirs, la dette de sommeil se fait quelque peu ressentir. Mais qu’importe "on l’a fait, glisse Tonton, bénévole depuis plus de 20 ans. Encore une!" Dans le regard, une pointe de fierté d’avoir relevé le défi, une satisfaction de savourer le calme après la tempête, car cette édition était loin d’être gagnée. "C’était important de prendre le risque de faire cette édition, reprend Valérie. Elle nous permet de remonter, sinon on ne remontait plus du tout." Les comptes ne sont pas encore faits mais les chiffres sont bons. "Disons qu’on passe du rouge au… orange", sourit-elle. L’espoir est permis car "cela faisait longtemps qu’on n’avait pas fait un complet".
Cette année, le festival a inauguré un autre mode de restauration en faisant appel à des foodtrucks. Hot dogs, pitas et "des crêpes, elles sont incontournables. On en passait environ 900 les années passées. Cela nous demande moins de préparation et c’est moins de travail pour les bénévoles. On s’y retrouve financièrement. On essaie de faire des économies un peu partout. Sur le prix de nos poubelles, par exemple. En 4 ans, on est passé de 2.000 à 600 euros grâce à notre brigade verte et au tri".
Après des mois de travail en coulisse, le festival de Néoules a accueilli ses premiers amateurs de sons jeudi soir dans une ambiance dub électro. "C’est toujours une soirée plus tranquille. Elle nous permet de nous roder, de régler d’éventuels soucis, d’ajuster et surtout aux nouveaux bénévoles de prendre leurs marques." Un millier de festivaliers étaient au rendez-vous sous les chênes pour commencer en douceur. Le lendemain, c’était une autre histoire.
Un vendredi soir complet qui sauve la miseLes prédictions étaient bonnes. "On a vu une augmentation de 30% pour les trois soirs en prévente avec un gros impact sur le vendredi soir. J’avais calculé très vite qu’on serait complet." La raison tient parfois du mystère mais la programmation reggae aux petits oignons de David Avril, le nouveau programmateur du festival, y est pour beaucoup. "On avait vraiment une belle affiche avec notamment Groundation et surtout Raspigaous dont c’est la dernière tournée, forcément c’était l’occasion à ne pas manquer. Les voir jouer sous les chênes, c’est autre chose que dans une salle." Les cinq groupes programmés ce soir-là ont donc joué devant 2.500 personnes. Un record qui en a appelé un autre. "Le record de fûts de bière vendus: 104 contre 96 en 2019."
1.500 personnes pour la dernièreLes organisateurs avaient donc déjà de quoi se réjouir avant la dernière soirée, samedi, traditionnellement plus rock et punk. "C’est ma préférée, confie Valérie. En général, je cours moins." Alors que sur scène, c’est bien loin d’être tranquille. Sans transition, les festivaliers sont passés des Cigales engatsées, qui ont offert la plus grande farandole "du monde" et une version punk de l’hymne provençal Coupo santo, à Didier Super. Le chanteur n’a épargné personne avec son humour corrosif. "C’est vraiment à prendre au 15 degré. Il est en totale provocation alors que dans la vraie vie, c’est plutôt quelqu’un de timide. Quand il met son costume de Didier Super, c’est vraiment deux salles, deux ambiances."
Samedi soir, donc, ils étaient 1.500 sur le site, histoire de finir sur une bonne note et un bon pogo. "Ce n’est pas rare qu’on voit des chaussures s’envoler en plein pogo, s’amuse Valérie. Mais on les retrouve toujours… ou pas", et ça fait 34 ans que ça dure.
"34 ans, une histoire et un lieu magnifiques"Le lendemain, chacun y va de sa petite histoire de la nuit. Certains bénévoles ne retrouvent pas leur tente ou perdent leurs lunettes. D’autres encore attendent le lever du soleil, la vue est imprenable. "C’est presque une tradition." Il faut dire qu’en 34 ans d’existence, il y a des rituels qui se transmettent, une sorte de flambeau. Et les bénévoles se passent le mot entre amis mais aussi aux enfants. La magie opère toujours. "34 ans, quand même c’est une histoire magnifique et un lieu magnifique".
Alors, vers une 35e édition? "David a déjà une idée de la programmation."
Var-Matin